La lampe de Chevet Les auteurs parlent entre eux, infos et jeux littéraires. |
| | Je me présente | |
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Auteur | Message |
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kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Je me présente Dim 12 Avr - 20:55 | |
| Je m'appelle Zouhir. J'ai 44 ans. J'ai toujours cru que l'histoire est faite par des hommes (au pluriel). Ma passion est de faire partager les plaisirs de la vie avec l'autre quelle que soit sa couleur ou celle de ses idées. C'est le premier forum auquel je m'inscris espérant etre le bienvenu. J'ai commencé à écrire depuis mon jeune age. Mais il ya trois ans, j'ai commencé à sentir que le besoin de libérer les mots qui se bousculent à la porte de ma cervelle est aussi fort que n'importe quel autre besoin naturel. J'ai commencé alors à écrire sérieusement sans pour autant etre lu. J'ai d'abord écrit dans ma langue maternelle (l'Arabe), puis en Français. J'ai écrit des nouvelles qui sont en fait une réflexion sur la condition de l'homme à l'ère moderne caractérisée, à mon sens, par une inquiétante perte des repères. Mon souhait est de trouver un excellent espace d'échange. | |
| | | Corynn Prix Goncourt
Nombre de messages : 3648 Age : 60 Localisation : Gascogne & Bretagne Date d'inscription : 07/04/2008
| Sujet: Re: Je me présente Dim 12 Avr - 21:09 | |
| :bonjour10:
Bienvenu parmi nous Zoh ! J'espère que tu te sentiras bien parmi nous ! | |
| | | Camylène Prix Fémina
Nombre de messages : 2310 Date d'inscription : 07/06/2007
| Sujet: Re: Je me présente Dim 12 Avr - 21:36 | |
| Bonjour Zoh ! Bienvenue sur ce forum ! | |
| | | Elena Prix régional
Nombre de messages : 448 Age : 79 Localisation : Poitou Date d'inscription : 18/10/2008
| Sujet: Re: Je me présente Lun 13 Avr - 6:53 | |
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| | | claudy Grand écrivain
Nombre de messages : 833 Age : 84 Date d'inscription : 09/06/2007
| | | | Maddy Célébrité
Nombre de messages : 1168 Localisation : Orléans Date d'inscription : 07/06/2007
| Sujet: Re: Je me présente Lun 13 Avr - 23:52 | |
| Sois le bienvenu Zouhir ! | |
| | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Mar 14 Avr - 19:32 | |
| Bonjour. Je voudrais remercier tous ceux qui m'ont souhaité la bienvenue. Je viens de terminer mon premier recueil de nouvelles en langue française et je souhaiterais être lu par des gens plus expérimentés que moi avant de me faire éditer. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Je me présente Mar 14 Avr - 20:52 | |
| Pourquoi "espérant être le bienvenu" ?? tu es le bien venu mon cher Zouhir. j'aime lire les poèmes d'anciens auteurs comme les 7 Étendards par exemple. C'est avec plaisir que nous lirons des extraits. Bonne soirée et à bientôt |
| | | Corynn Prix Goncourt
Nombre de messages : 3648 Age : 60 Localisation : Gascogne & Bretagne Date d'inscription : 07/04/2008
| | | | claudy Grand écrivain
Nombre de messages : 833 Age : 84 Date d'inscription : 09/06/2007
| | | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Mer 15 Avr - 19:57 | |
| j'ai déposé six de mes nouvelles sur le site de l'association. Je serai trés ravi d'accueillir vos remarques et suggestions. | |
| | | Corynn Prix Goncourt
Nombre de messages : 3648 Age : 60 Localisation : Gascogne & Bretagne Date d'inscription : 07/04/2008
| | | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Mer 15 Avr - 22:21 | |
| Merci Corynn pour tes conseils. Je te fais savoir que je suis également un nouveau internaute. Je suis dans la première phase d'apprentissage. Je mettrai à votre disposition une de mes nouvelles dès que j'aurais appris à le faire. | |
| | | Corynn Prix Goncourt
Nombre de messages : 3648 Age : 60 Localisation : Gascogne & Bretagne Date d'inscription : 07/04/2008
| | | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Jeu 16 Avr - 16:47 | |
| Le quai
Depuis plus de deux heures, on est là à attendre le dernier train de la journée. Les quelques passagers, champions de la patience, qui ne se sont pas découragés et qui sont encore sur le quai, attendent avec l'espoir que le train, qui doit les emmener ailleurs, arrive enfin. Certains d’entre eux sont déjà partis, étant convaincus que ce train n’allait pas venir. C’était déjà arrivé plus d’une fois. L’atmosphère est tendue. Certains sont exaspérés. Quelques voix s'élèvent de temps en temps pour revendiquer des explications qui tardent à venir.
Un homme d’un certain âge est debout sur le quai; il attend. A côté de lui, un autre, apparemment un peu plus jeune, tient sa valise dans les bras; il la pose par terre, frotte les mains, puis la reprend. Il regarde sa montre, puis se tourne pour s’assurer de l’heure en scrutant, pendant un moment, la pendule suspendue sur le mur derrière lui, fait une grimace et marmonne quelques injures qui parviennent à l’oreille de l’homme à côté. Mais rien ne semble intéresser celui-ci.
Le vent commence à souffler à l'instant, vent glacé du nord en cette fin de journée du mois de janvier excessivement froid cette année. Le ciel, naguère parsemé de quelques petits nuages, est enveloppé maintenant de grosses nuées qui annoncent une tempête imminente. Les passagers ont hâte de partir avant la tombée de la nuit, mais la locomotive n'apparaît toujours pas.
Un petit vendeur profite du retard du train pour écouler ce qui lui reste de sa piètre marchandise. Il sillonne le quai, de long en large, pour proposer une cigarette à tel homme, un paquet de schwing- um à telle femme ou essaye de séduire tel enfant avec une boite de gâteau pour inciter ses parents à la lui acheter. Il passe devant l'homme à la valise. Celui-ci lui fait signe d’approcher, prend une cigarette; l’enfant la lui allume. L'homme lui donne une pièce; l'enfant fait semblant de chercher dans sa poche, mais l'homme lui fait signe de garder la monnaie. Le vendeur est content; il continue sa quête en chantant. L'homme à la valise tire une grande bouffée puis l'expire en l'air. Une femme qui serre son bébé dans sa poitrine, le regarde avec mépris. Elle ne semble pas apprécier son comportement peu convenable, mais évite de protester. Irrité qu'il est, il pourrait déverser toute sa fureur sur elle. Son voisin semble, lui aussi, dérangé par le tabac; il tousse mais ne dit rien.
Il est encore là, debout, sur le quai, impassible, ne s'occupant de rien ni de personne, attendant le train qui va peut-être le libérer, le délivrer de son indécision. Il n'est pas sûr de vouloir partir. Pourtant, en arrivant à la gare, son seul souhait était d'aller le plus loin possible. La destination, ce n’était guère ce qui le préoccupait ; ce qu’il voulait c’est partir, point c’est tout.
Sur le quai de la gare, ce lieu qui sépare sa ville du reste du monde, cette frontière entre l’espace fini et l’infini, entre son monde à lui et celui des autres, il parait serein malgré son anxiété. Sa décision, il doit la prendre très vite, avant que le train n'arrive.
Dans son esprit, les mêmes interrogations se dessinent, les mêmes inquiétudes s’enracinent: "Vais-je quitter, à jamais, ma ville dont j'éprouve la saveur de l'eau, respire l'odeur des jardins et sens l'haleine des vivants? Cette cité dont je suis le gardien de la mémoire ? Cette ville que j'ai bâtie avec mes mains, ce berceau de mon enfance, de ma jeunesse, de ceux qui m'aiment et que je chéris tant? Cette source de toutes mes inspirations, de mes rêves, de mon paradis dormant? Cette terre qui conserve mes racines depuis la nuit des temps ? Dans chacune de ses rues, de ses places, de ses mosquées, de ses cafés, j'ai un souvenir. Ma mère y est enterrée?
Vais-je aller loin pour ne plus assister impuissant, au carnage de ma mémoire, au génocide perpétré sur ces fleurs qui ornent les cœurs et les maisons, par ceux-là mêmes auxquels ce lieu béni a donné la vie?
Vais-je prendre ce train pour ne plus me sentir complice, par mon silence, par ma passivité, de ceux qui sévissent dans ma cité? Pour ne plus traîner avec moi, dans le plus profond de mon âme, ce sentiment de faiblesse, d’impuissance, d’infidélité.
Je me sens, à présent, déchiré, déchiqueté entre ses deux volontés qui occupent chacune une partie de moi: partir et me sentir, pour le restant de ma vie, lâche, fuyard, déserteur; ou rester et avoir ce sentiment de culpabilité de tout le mal que subit ma cité?"
Prendre le train, il n’y a jamais songé auparavant. Mais le jour où ses disciples pour lesquels il a consenti tant d'efforts, rêvant qu'un jour ils feraient de sa cité l'éden de ses rêves. Le jour où ses disciples devinrent serviteurs de ceux-là mêmes qui furent les champions du mal, ennemis de la vertu ; le jour où ceux à qui il a appris à planter des fleurs dévastèrent les jardins de la ville, ce jour-là, tous ses rêves se sont évaporés et il prit le chemin de la gare sans bagages ni rendez-vous.
La locomotive apparaît enfin. Quelques gestes de soulagement ça et là. Le train s'arrête. Les passagers montent. La machine repart. Lui, il est encore là, sur le quai de la gare attendant le train prochain!
Le quai se vide de ses passagers. La neige commence à tomber à l'instant. Un froid glacial s'abat sur la gare. On n'entend plus que le sifflement du vent qui se joue des quelques arbustes plantés çà et là. La nuit n'a jamais semblé aussi noire ni aussi mélancolique. Seule une petite lueur timide provenant de l'abat-jour de la cabine du chef de gare défie l'obscurité de la nuit pour laisser entrevoir la silhouette de l'homme encore debout sur le quai de la gare…
Le lendemain, les premiers passagers seront secoués par des cris de stupeur. Une vieille dame se fait attirée par l'attitude anormale d'un homme immobile sur le quai, debout, dos au mur. Il a le visage plein de neige et le regard figé ; on dirait un portrait de glace. Le chef de gare est interpellé par les cris de la vieille dame. Et, voyant que l'homme ne lui répond pas, il tente de le secouer, et l'homme s'effondre de tout son poids sur le sol enneigé.
Les autres passagers ne semblaient pas trop s’occuper de l’homme, pensant à l’un de ces vagabonds qui préfèrent s’exiler dans ce genre d’endroits loin des regards inquisiteurs Ils commencent maintenant à s'attrouper autour du défunt gisant sur le sol. Un curieux s'approche de la dépouille:
-Le malheureux! Il est peut-être mort de soif!
-Mais non! réplique un autre, mourir de soif par ce temps!
- Mon dieu ! Il aurait succombé au froid!
Un homme, la quarantaine, scrute le visage du défunt allongé sur le quai et murmure avec une certaine amertume: «Je sais ce que la passion peut être dévastatrice. Je vois dans le visage de cet homme les séquelles de ce typhon qu'est l'amour perdu. C’est hélas, une autre victime de la passion!"
Le chef de gare est très touché par le spectacle désolant du corps inerte de l’homme, entouré de ces gens qu’il considère d'un air accusateur. Il essuie le visage de l’homme recouvert de neige. Une profonde tristesse s'empare de lui et envahit son visage. Ses yeux débordent de larmes, puis il s'efforce d'articuler des mots qui semblent s’accrocher aux parois de son gosier:" Je reconnais cet homme, je l'ai remarqué depuis hier sur le quai et je peux affirmer qu'il était différent des autres passagers. Il a passé des heures à attendre le train. Et à chaque fois qu'un train arrivait, il était encore là à attendre le suivant. Et quand je me suis fait relever par mon collègue du soir, il était encore là. Je crois que je comprends tout maintenant: il est mort de soif, de froid, de passion, de déception, de fureur…"
Et, essuyant ses larmes, l'homme s'en va laissant derrière lui des passagers qui sont de plus en plus nombreux à s’agglutiner autour de la dépouille mortelle, et le spectre de la nuit descend.
Le lendemain, les gens liront dans la rubrique des faits divers:" Un homme se suicide sur le quai de la gare."
Le chef de gare qui vient de lire l'article constate avec beaucoup de déception:"Adieu mon frère inconnu. On t'a tué deux fois mais tu seras toujours vivant !"
30 /04/2007 | |
| | | Camylène Prix Fémina
Nombre de messages : 2310 Date d'inscription : 07/06/2007
| Sujet: Re: Je me présente Jeu 16 Avr - 18:22 | |
| C'est un très beau texte, Zoh. Je suis épatée par la maîtrise que tu as de la langue française. Bravo ! | |
| | | Corynn Prix Goncourt
Nombre de messages : 3648 Age : 60 Localisation : Gascogne & Bretagne Date d'inscription : 07/04/2008
| | | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Jeu 16 Avr - 22:16 | |
| Je suis très content que vous ayez aimé ma nouvelle. Je commence maintenant à être trop ambitieux en voulant lire ce que vous produisez et me comparer à vous. ha!ha!ha! En attendant je vous envoie une deuxième nouvelle relativement courte et un peu drôle. | |
| | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Jeu 16 Avr - 23:34 | |
| Le photographe
- L'autre jour, j'ai eu une discussion avec cet homme. On dit que c'est le meilleur photographe de la ville; mais à mon sens, tout le monde se trompe à son compte. Il a tout de quelqu'un qui a perdu la vue ou peut-être même la raison. Sinon, comment expliquer que, ce jour-là, en arrivant dans son studio pour récupérer mes photos, j’ai eu droit à celles d'un autre qui ne me ressemblait pourtant en rien? Je lui ai fait remarqué que les photos qu'il venait de me remettre n'étaient pas les miennes, mais il n'a rien voulu savoir, ironisant même que je voulais peut-être avoir celles de Brad Pitt ou de George Clooney. J'ai bien examiné les photos, et je ne pouvais tout de même pas être l'ogre photographié par le vieux Salem: de longs cheveux crasseux qui semblaient être posés indifféremment sur une tête presque aussi grosse que celle d’un bœuf. Un front rentrant dans lequel on a percé deux petits trous qui se prétendaient être des yeux , garnis de sourcils menaçants. Un nez disproportionné, proéminent et busqué, qui occupait l'essentiel du visage avec deux narines épaisses qui étaient plutôt l'entrée et la sortie d'un labyrinthe. De larges lèvres retroussées par des dents mouchetés où la carrie semble avoir commencé à faire des ravages depuis de longues années.. Une gencive enflée et rougeâtre dans laquelle les dents ne tenaient qu'à un fil. Voilà le portrait de la personne que le vieux photographe a voulu que je sois. Une odeur répugnante transperçait les limites de la photo pour venir envahir l'espace du studio.
Salem m'a fait remarquer que le monstre sur la photo portait le même costume et la même cravate que moi. J'ai répondu que oui, mais que je n'avais tout de même pas perdu la raison pour ne pas reconnaître mon propre portrait.
Une semaine auparavant, j'avais reçu une invitation pour une fête de mariage qui allait se tenir une quinzaine de jours plus tard dans un somptueux hôtel. Il était impératif de me présenter à cette fête qui devait réunir quelques personnalités importantes ; une aubaine que j'attendais voilà des années et que je devais impérativement saisir. J'ai vite fait d'aller chez un ami qui tenait une boutique au centre-ville et qui était connu pour ses vêtements de luxe. Je me suis payé un très joli costume noir de marque et une belle cravate rouge à fleurs. Mon ami m'a d'ailleurs gratifié d'un petit: «Tu es l'homme le plus élégant de la planète."Il m'a fait savoir que le costume qu'il venait de me proposer arrivait directement d'un grand magasin parisien et m'a assuré que, jamais, une autre personne de la ville n'avait porté pareille merveille.
Certes, le monstre de la photo portait la même veste et la même cravate. J’en fus surpris un moment, mais ça ne pouvait pas être moi, parce que moi, je suis très beau, je le sais, et je sais aussi que la technologie est capable, de nos jours, de faire des miracles. On peut, par exemple, mettre la tête de tel sur le tronc de tel autre. On est capable aujourd’hui de tromper l’œil en s’adonnant à des jeux peu scrupuleux. Ce pouvait justement être le cas avec cet homme. Je ne suis pas le premier venu et je ne peux pas être dupé aussi facilement. Je l'ai d'ailleurs dit au vieux photographe qui m'a répondu avec un petit sourire moqueur: "Qui t'as dit que tu étais beau? As- tu pris la peine de te regarder dans un miroir? "
Ce vieil imposteur ne pouvait certainement pas me vexer avec de telles insinuations. Et, d'ailleurs ma mère m'a toujours appelé "mon beau petit!". Je ne me souviens pas qu'une seule fois, on m'ait dit que j'étais moche. Certes, j'ai toujours été l'enfant gâté des"Radouani" que personne n'osait contrarier, le jeune homme riche et puissant que les hommes craignaient et que les jeunes femmes désiraient, mais il devait y avoir au moins une personne parmi tout ce monde qui aurait osé me dire que j'étais moche si je l'avais été réellement…Non, c'est impossible!
Je pensais autrefois qu'il y avait des imposteurs parmi les photographes; maintenant, j'en ai la conviction. On m'a dit que les photographes étaient des artistes capables de traiter l'image et de la rendre plus jolie que ce qu'elle est réellement. Mais on m'a dit aussi que certains d'entre eux étaient des imposteurs capables de manipuler l'image à leur guise. J'en conviens à présent que c'est vrai.
Certes, nous n'avons jamais possédé de miroir chez-nous. On m'a toujours appris que le miroir était un objet du diable et qu'il convenait, partant, de l'éviter. Je ne me suis jamais regardé dans un miroir, mais je sais que je suis beau. On me l'a toujours dit et je n'ai nullement besoin de voir mon portrait dans ce joujou du diable pour me le prouver. Et, ce ne sont surtout pas les mensonges du photographe qui vont m’insuffler le doute.
Salem s'est absenté un moment avant de revenir avec une glace à la main. Il m'a invité à y contempler mon beau portrait, chose que j'ai naturellement refusée parce que cela allait à l'encontre de mes convictions et croyances; et puis, je ne voulais pas être manipulé par une aussi ignoble personne. D'ailleurs, tous les miroirs sont des menteurs et ne reflètent jamais la réalité. Et je viens de me rendre compte que tous les photographes sont aussi des menteurs et des criminels qui méritent la mort, et surtout le vieux Salem. Voilà, monsieur le juge, pourquoi je l'ai tué!
-Par tous les pouvoirs qui me sont conférés, je décrète ce qui suit:
Art 1: Le métier de photographe sera reconsidéré par la loi, et tous les photographes seront considérés, à compter de ce jour, comme des bienfaiteurs méritant respect et haute considération.
Art 2: les miroirs seront élevés au rang d'objets sacrés, et sera punie par la loi toute personne ne possédant pas un miroir chez-elle. | |
| | | Camylène Prix Fémina
Nombre de messages : 2310 Date d'inscription : 07/06/2007
| Sujet: Re: Je me présente Ven 17 Avr - 13:21 | |
| Tu as un imaginaire vraiment particulier, Zoh... J'aime beaucoup ce que tu écris parce que, derrière la facilité apparente de la lecture, se cachent de profondes leçons de vie. | |
| | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Ven 17 Avr - 14:01 | |
| Merci Camylène. J'en suis flatté. | |
| | | Corynn Prix Goncourt
Nombre de messages : 3648 Age : 60 Localisation : Gascogne & Bretagne Date d'inscription : 07/04/2008
| | | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Ven 17 Avr - 22:31 | |
| Tes compliments m'encourage à aller de l'avant Corynn. Merci | |
| | | kd_zoh Elève
Nombre de messages : 13 Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: Re: Je me présente Ven 17 Avr - 23:53 | |
| voilà une autre nouvelle et c'est du vrai fantastique ça:
L’ombre de la nuit
La psychose règne dans la ville. Jamais pareille nouvelle n'a eu tant d'effet sur la population ni circulé avec une telle célérité. Ce qui n'était, il y a quelques jours, qu'une information banale, un fait divers ordinaire, est devenu aujourd'hui la préoccupation majeure de tous les habitants de la ville. Les mêmes propos sont repris par toutes les lèvres:"l'ombre de la nuit". Les gens ne parlent que de cela: de cette ombre qui hanterait les rues à la tombée de chaque nuit. Certains affirment l'avoir rencontrée et s’estiment heureux d’avoir survécu à sa hargne fatale. D'autres parlent d'une ombre dont la taille est impressionnante atteignant, selon des témoignages, des proportions inimaginables. D'autres encore nient avoir vu la créature, mais affirment avoir senti sa présence et parlent d'un frisson qui traverse tout le corps à l'idée de se trouver dans le périmètre de l'ombre maléfique.
Personne n'ose s'aventurer dehors à partir de l'heure du crépuscule. Les portes et les fenêtres sont soigneusement scellées. Les gens sont terrifiés même dans leurs demeures. Ils craignent le pire. Tout peut leur arriver, à n'importe quel moment, même barricadés à l'intérieur des murs. Nul n'est à l'abri, nulle part. Même les gens les plus armés ont peur. En effet, ils ne sont pas sûrs que leurs armes puissent leur être d'une quelconque utilité.
A l'origine de toute cette psychose, deux horribles assassinats. Il y a quelques jours, un homme a été sauvagement mutilé. Il a été décapité, ses membres amputés, ses yeux et ses oreilles arrachés avec une horreur inouïe; Le cadavre avait à peine l'apparence humaine.
Une semaine auparavant, une fillette a été retrouvée éventrée et suspendue à un mur. Les témoignages se succédant à la suite de ces deux incidents, font état de l'apparition d'un être surnaturel qui serait à l'origine de ces atrocités.
Aujourd'hui, tout le monde est réuni dans la grande place de la ville, à la demande du maire, pour s'enquérir des dernières nouvelles et tenter de lever la malédiction qui s'est abattue sur leur cité. La foule est inquiète, la peur est apparente sur tous les visages et se lit dans tous les yeux, les regards sont ahuris et les paupières parviennent à peine à s'ouvrir à cause de la fatigue et du manque de sommeil. Un silence religieux règne sur la place. Le maire et le chef de la police arrivent avec l'escorte; Le premier magistrat de la ville monte sur l'estrade, s'efforce de sourire et semble chercher les mots pour rassurer ses concitoyens. Et avant même qu'il n’esquisse un mot, un homme, apparemment très en colère, sort de la foule:
-Monsieur le maire, moi, représentant des commerçants et industriels de la ville, vous demande instamment de trouver une solution rapide à cette situation. Nos commerces et nos affaires ont assez soufferts comme ça!
Le maire, en dépit de la difficulté de gérer la situation, tente d'articuler quelques mots pour calmer les esprits, mais une autre voix s'élève:
- Moi, monsieur le maire, je parle au nom des cadres de cette ville. Sachez que la première victime de l'horrible créature est la fille d'un de nos collègues. Il est clair, donc, que nous sommes les premiers visés, et nous estimons plus que tous, que nous sommes en droit de demander la protection.
Un troisième homme enchaîne:
-Il semblerait que certains concitoyens occultent le fait que l'homme qui a subi la plus effroyable des morts est un vagabond. Je n'ai pas besoin, donc, de prouver que les plus vulnérables d'entre tous sont les pauvres, les démunis, les SDF.
Le maire, qui ne sait quoi dire ni quoi faire, observe un long silence avant qu'un autre homme d'un certain age n'intervienne timidement:
-Permettez-moi de dire un mot, monsieur le maire.
-Allez-y, je vous en prie.
-Voilà! Il y a quelques mois, je me suis installé dans ma nouvelle demeure sise rue des jasmins. C'est un quartier calme et paisible, comme vous le savez, et dont les habitants sont, en majorité, de vieilles personnes à la retraite. J'avoue, d'ailleurs que je m'y plais beaucoup. Seulement, mon attention a été très vite attirée par la maison d'en face. C'est une charmante petite villa, à l'ancienne mode, au milieu d'un jardin fleuri entouré d'une barrière de fer forgé. Les allées qui séparent les carrés du jardin sont conçues avec une telle minutie et un tel savoir-faire qu'on est vite amené à penser que ce serait l'œuvre d'un éminent artiste. Cette petite merveille n'inspire, certes, pas la richesse mais renseigne, ô combien, sur la finesse et l'élégance de ses propriétaires. Cependant une profonde tristesse s'en dégage. Ses portes et ses fenêtres sont fermées de jour comme de nuit, et l'on a l'impression qu'elle est inhabitée si ce n'est la faible lumière qui transperce les fentes de la fenêtre pendant une partie de la nuit et qui donne une certaine animation au jardin qui aurait pu être beaucoup plus gai. Jusque là tout parait ordinaire, monsieur le maire. Mais une fois, il a fait très chaud la nuit; j'ai eu soif, j’ai quitté mon lit pour aller me désaltérer. En arrivant devant la fenêtre de la cuisine qui donnait directement sur la porte de la petite maison d'en face, j'ai aperçu par hasard, un homme qui sortait et refermait tranquillement la porte, puis disparaissait dans l'obscurité de la nuit. Je n'ai pas eu le temps d'entrevoir les traits de son visage, néanmoins, je peux vous affirmer qu'il avait une apparence tout à fait correcte, et rien ne laissait supposer qu'il s'agissait d'un malfaiteur. J'ai regardé la pendule suspendue au mur de la cuisine avant de revenir au lit; il était minuit exact. Le lendemain, j'ai aperçu le même homme qui sortait de la maison à la même heure ; puis le même scénario s'est répété toutes les nuits suivantes; j'ai compris alors que çà ne pouvait être que le propriétaire, mais quelques interrogations persistaient dans mon esprit: pourquoi cet homme n'apparaît-il pas pendant la journée? Pourquoi sort-il à cette heure de la nuit? Serait- il un éboueur, ou peut-être un cheminot, ou encore un veilleur de nuit? Bref, çà ne me concernait pas. Mais j'ai commencé à avoir des soupçons le jour où personne dans la ville n'ose sortir de chez lui la nuit alors que notre homme n'a rien changé de ses habitudes. Permettez- moi, monsieur le maire, de vous dire que, sans nulle intention de m'ingérer dans la vie privée des autres, il me semble que le comportement de mon voisin est pour le moins soupçonneux, et mon devoir de citoyen m'incite à vous en faire part.
Le maire semble, à présent, satisfait par le civisme dont a fait preuve ce citoyen; il demande si l'homme en question est présent dans la foule.
- S’il avait été là, monsieur le maire, je ne me serais peut-être pas autant inquiété. Je le recherchais justement depuis tout à l’heure, et je peux vous assurer qu’il est absent à notre réunion.
Le maire ordonne alors qu'on aille chercher le suspect.
En arrivant devant la petite maison, les policiers ne remarquent rien d'anormal; le jardin est même bien entretenu, mais toutes les portes et toutes les fenêtres sont fermées, comme décrit par le voisin. Un policier frappe à la porte; aucune réponse. On frappe une deuxième puis une troisième fois, mais la maison semble déserte. Soudain, on entend le grincement de la serrure et la porte s'ouvre lentement. Un homme, la soixantaine, apparaît. Il a une apparence tout à fait ordinaire; il est même très bien habillé et très bien coiffé; de son visage qui rappelle celui des vieux philosophes pleins de sagesse, transparaît une certaine amitié pour ceux qui ne le connaissent pas. Mais en examinant ce visage, on a tout de suite l'impression que l’homme porte en lui toute la douleur du monde. Une profonde tristesse semble l’habiter.
Le sexagénaire est très embarrassé par cette descente ; il serait du genre à ne pas apprécier les visites inopinées ; il reste derrière la porte entrouverte à regarder, avec ahurissement, les hommes plantés au seuil de sa maison, sans dire un mot, comme on regarde un phénomène.
-Voulez-vous nous suivre monsieur ?
-Mais où ?
- Le chef de la police demande à vous parler.
-Qui, moi ?
-Oui, vous.
L’homme essaye de dissimuler la peur qui s’empare tout d’un coup de lui, mais ses mains le trompent lorsque la panique l’empêche de mettre la clé dans la serrure, et il a fallu l’aide d’un des policiers pour réussir à fermer la porte.
Tout au long du chemin, l’homme n’a pas cessé de froncer les sourcils et de mettre sa main sur son front pour éviter la lumière du jour, comme quelqu’un qui sort d’une caverne dans laquelle il a passé de longues années. Il n’a pas cessé non plus de se retourner comme s’il était poursuivi par quelque bête malfaisante.
Le chef de la police a eu l’occasion de rencontrer, durant sa carrière, des criminels mais aussi des innocents qui ont peur une fois dans les bureaux de la police, mais une telle angoisse, il n’en a jamais vue. L’interrogatoire n’a pas encore commencé et l’homme a déjà l’air de quelqu’un qui va passer à la potence. Il est comme assommé et tremble de tout son corps. Le policier doute que cet homme puisse avoir un quelconque lien avec l’ombre de la nuit mais l’interroge quand –même dans l’espoir d’en tirer des informations qui pourraient lui servir dans son enquête :
-Votre nom ?
-Sadek makhfi.
-C’est vous le propriétaire de cette maison ?
-Oui monsieur.
-Et vous y habitez seul ?
-Oui monsieur.
-Pourquoi vos portes et fenêtres sont toujours fermées ?
-C’est interdit par la loi monsieur ?
-Contentez-vous de répondre.
-C’est que je préfère l’obscurité.
-Vous aimez l’obscurité !
-Je n’ai pas dit que je l’aimais mais que je la préférais.
-La préférer à quoi ?
-Je préfère ne rien voir plutôt que de voir ce qui se passe dehors.
-Et qu’est-ce qui se passe dehors ?
-Tout ce qui se passe dans la rue me déplait, me fait peur.
-Et ce qui se passe la nuit, çà vous plait ? Çà ne vous fait pas peur ?
- Ceux qui me font peur, moi, ont un visage plein de haine, un regard plein d’hostilité, des actes pleins de nuisance. La nuit, je ne les vois pas ; ils dorment et le monde s’en débarrasse ; la rue retrouve momentanément la paix. Voilà pourquoi je préfère la nuit.
-Et vous avez entendu parler de cette ombre qui circule la nuit dans la rue ?
-Oui monsieur.
-Et vous ne la craignez pas ?
-Les ombres n’ont pas de visage ; ils n’ont pas de regard. Je crains plutôt les hommes et pas leur ombre.
-Et comment savez-vous que c’est l’ombre d’un homme ?
-Parce que c’est la mienne. Certains ont vu mon ombre sur le mur et ont eu peur. Pourtant ni moi ni mon ombre n’avons fait de mal à personne. Ecoutez- moi monsieur. Je vous ai cédé mes journées, laissez-moi au moins vivre mes nuits.
-Et qui a donc commis les deux crimes crapuleux si ce n’est pas l’ombre de la nuit ?
-Le criminel, allez plutôt le chercher dans la foule réunie dans la place de votre ville.
Le commissaire, soupçonnant des troubles de la personnalité chez l'homme, fait venir sur le champ le docteur Belaïd, l'éminent psychiatre de la ville. Celui-ci, à la demande du chef de la police, soumet Makhfi à une longue séance de psychanalyse au bout de laquelle il rédige un rapport sur l'état psychologique de l'homme. Il remet le rapport au commissaire qui, à son tour convoque son conseil pour l'étudier.
La nuit est longue et la discussion n'en finit pas. Ce n'est qu'au petit matin que le maire se fait rendre compte du contenu du rapport de police qui aboutit à la conclusion que monsieur Sadek Makhfi présente un cas très rare de schizophrénie qui pourrait avoir un lien avec les crimes perpétrés dans la ville. Et voici le contenu du rapport:
" Il est tout à fait clair que monsieur Makhfi Sadek est en conflit aigu avec la société. Il évite, en effet, le contact avec les gens et n'a ni famille ni amis. Il s'est même exilé, depuis très longtemps, dans sa propre demeure évitant la lumière du jour. La solitude, l'obscurité et la monotonie qu'il s'est imposées pendant de longues années ont eu des effets destructeurs sur son équilibre mental: ne voyant personne, ne parlant à personne, ne sentant aucune présence humaine, le genre humain est devenu étranger pour lui, et plus sa solitude a duré, plus la distance qui le sépare de l'espèce humaine s'est élargie et sa peur des hommes s'est accentuée.
Par ailleurs, la lumière du jour ne peut que faire du bien au mental des hommes, et son absence a engendré une sorte de psychose chez Makhfi qui pourrait se traduire par des comportements aussi agressifs qu'inattendus. Les débris de vaisselle cassée dans la poubelle de l'homme viennent conforter cette thèse en dépit de l'ordre infini qui règne dans la maison de l'accusé, ce qui explique un dédoublement de la personnalité chez celui-ci. Ce serait un homme, propre, civilisé, amoureux de la perfection qui porte un regard tout à fait négatif et accusateur sur la vie des hommes provoquant chez lui une révolte, pis encore, une haine à leur égard allant même jusqu'à espérer leur disparition. Ce serait donc lui qui, ayant peur des hommes et ne supportant pas leur présence, se retranche chez lui pendant la journée, et qui, à la tombée de chaque nuit, se métamorphose en un horrible monstre assoiffé de sang, animé par un sentiment de vengeance à l'égard de toute l’espèce humaine sans distinction d'age ni de sexe ni de rang social."
- Et vous l'avez arrêté bien sûr?
- Non monsieur le maire, je n'ai aucune preuve pour l'inculper.
15/7/2007 * "Sadek" veut dire en arabe " qui dit la vérité"
* "Makhfi" veut dire "invisible". | |
| | | Corynn Prix Goncourt
Nombre de messages : 3648 Age : 60 Localisation : Gascogne & Bretagne Date d'inscription : 07/04/2008
| Sujet: Re: Je me présente Sam 18 Avr - 10:04 | |
| ... Alors, la question reste posée.
À première vue, rien ne me laisse penser que Sadek Makhfi est coupable de quoi que ce soit. Mais par contre, ce que je comprends, c'est que dans ton histoire comme dans la vraie vie, par définition, une personne différentes des autres se doit d'être un coupable idéal... Quant aux expertises des spy quelque chose (chologues, chiatres, chanalistes, etc.), elles racontent bien que ce qu'elles veulent et se trompent aussi souvent qu'elles ont raison. Après tout, elles ont une chance sur deux d'étudier un coupable qu'un innocent, donc, une fois sur deux, elles donnent de bons résultats et une fois sur deux, c'est la cata la plus complète. Excusez-moi, ce n'est que mon opinion que j'émets là, mais c'est ce que je pense sincèrement pour avoir vu suffisament de catastrophes commises par ces soi-disant expertises.
Ton texte est très bon Zoh, parce qu'il amène ton lecteur a se poser plein de question. La preuve ci-dessus.
Pourquoi ne nous rejoins-tu pas également dans le topic du "Blabla infernal" Zoh ? On y parle de tout et de rien, juste pour le plaisir de partager trois mots et d'entretenir l'amitié. D'ailleurs tu es accueilli à bras ouvert sur tous les topics de ce forum, et pas seulement sur le tien... | |
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