Une folie ordinaire (de Marie Chevalier)

Et bien voilà, je viens de refermer "Une folie ordinaire" de notre amie Marie.

Lorsque j'ai commencé à lire ce livre, à entrer dans la vie d'Hélène, je me suis mise à la plaindre. Pauvre femme qui semble abandonnée de tous, seule avec une famille ingrate, Nicolas son petit garçon, et une bien piètre vie au quotidien.

Et puis un fou, une folle... Hélène est-elle folle ? Et sa belle-soeur ? Et son fils ? Mais qui est fou dans cette histoire ? Et pourquoi les gens ferment-ils les yeux ? Pourquoi le maire, les gendarmes ne font-il rien ? C'est évident qu'il va y avoir un drame, un meurtre !!! D'ailleurs, n'en a-t-il pas déjà eu au moins un ? Je doute de tout !

Je me mets à soupçonner tout le monde. Je maudis Marie de son écriture fluide qui m'amène même à me demander si ce n'est pas moi qui suis folle, à essayer de comprendre ses personnages pervers, méchants, perdus, mais je ne peux pas m'empêcher de continuer à lire tant je suis entrée dans ce monde clos, quotidien de la ruralité. Chacun chez soi. Ce ne sont pas nos affaires. On ne se mèle pas des histoires des autres... Je comprends alors la couverture du livre, une fenêtre fermée avec d'épais rideaux, encadrée d'un épais lierre et de deux vieux volets clairs, qui donne le sentiment de respectabilité vue de l'extérieur. Mais que se passe-t-il derrière la fenêtre, quand les gens sont bien camouflés chez eux ?

Enfin, l'épilogue m'apporte le souffle qui me manquait. Je me rends compte que je l'avais retenu durant toute cette affaire malsaine et pourtant palpitante.

Toute cette folie, tous ces morts... une banale histoire de racisme, d'homophobie, de qu'en dira-t-on sur fonds d'amour... une banale histoire d'amour hors norme comme il doit tant s'en passer dans la France profonde... banale. Je comprends mieux le titre et le mot "ordinaire".

Marie a su parfaitement saisir la mesquinerie des voisins, l'indifférence, les regards de travers et a réussi à faire monter la tension, alors même qu'elle ne parlait que de malheurs, d'histoires décousues, parfois sans queue ni tête, mais sans jamais lâcher son lecteur, le faisant entrer dans la folie de ses personnages, dans leur violence.

Je crois sincèrement que peu d'auteurs auraient été capables d'aller aussi loin dans ce type de description, sans jamais tomber dans la vulgarité, dans la morbidité, dans l'inceste, dans le voyeurisme.

J'avoue que si ce n'avait pas été Marie Chevalier dont j'aime énormément le style littéraire, que ce soit en poèmes ou en nouvelles, je n'aurais jamais lu un ouvrage traitant du sujet de la folie sur mon temps de loisir. Mais je l'ai pourtant lu d'une traite, captivée par cette histoire superbement écrite.

Bravo Marie !!! cheers

Mmmm, ça donne envie !!! Je devrais bientôt le recevoir et me plonger dedans !!!

Ecrivain Nombre de messages : 329 Date d'inscription : 09/06/2007

que te dire Corynn que cet hommage à ce roman me touche profondément. Je pense que tu as compris ma démarche. Le milieu rural, fermé, où les oreilles sont aux aguets et où les amours sont dures parce que souvent pas dans la norme, que les relations sont disproportionnées... Merci encore à toi.

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