La lampe de Chevet
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La lampe de Chevet

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 L'espace d'un instant

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Lumina
Elève
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MessageSujet: L'espace d'un instant   L'espace d'un instant Icon_minitimeMer 29 Oct - 0:14

Bonsoir à tous,

En 2008, j'ai participé au concours de nouvelles de la Lampe de Chevet. J'avais proposé L'espace d'un instant qui a réussit à faire partie du recueil :
Les Histoires de la Lampe de Chevet, tome3

Pour ceux qui l'on loupé, je vous propose de la découvrir ci-après...

Bonne lecture Smile


L’espace d’un instant


  Le ciel était voilé et sombre au-dessus de cette ville civilisée chargée de monde. L’automne était là, laissant imaginer un hiver rude et glacial. Bientôt, la pression de l’air fut telle que de fines gouttes d’eau commencèrent à rejoindre le sol.

  Une jeune femme, sortant d’un bâtiment qui se trouvait être son lieu de travail, leva les yeux vers les nuages menaçants et regorgeants d’eau. N’ayant pas prévu une averse, elle accéléra le pas pour accéder à son plus court moyen de transport, avant d’être trempée. Ses cheveux mi-longs, habituellement châtain clair, finirent par se teinter au fur et à mesure que la pluie s’y infiltrait. Plissant ses yeux ambre pour mieux conserver sa visibilité, la jeune femme gagna enfin son arrêt de bus.

  Après avoir convenu d’un point de rendez-vous pour la soirée du week-end, un jeune homme quitta rapidement ses amis pour s’abriter au plus vite du temps désastreux. Il avait pour habitude de faire le trajet à pied mais, cette fois-ci, il décida de renoncer à sa marche quotidienne. L’eau vint rapidement ruisseler sur sa veste de cuir noir et quelques gouttes tombant dans sa nuque le firent frémir. Rejoignant l’arrêt de bus le plus proche, il attendit patiemment sans pour autant pouvoir s’abriter tant l’affluence était importante.

  C’est presque avec des acclamations de joie que le chauffeur de bus fut accueilli. Plusieurs personnes agressives et hargneuses jouèrent des coudes pour s’abriter au plus vite et peut-être même trouver une place assise. La jeune femme prit son courage à deux mains, puis réussit à se faufiler entre les personnes déjà présentes pour se diriger vers le fond. Son trajet était long, c’est pourquoi elle préféra tenter de se caler le plus loin possible des portes, afin de gêner un minimum de personnes. Le jeune homme, quant à lui, arriva à trouver une place debout, coincé entre un homme d’affaires approchant l’âge de la retraite et une femme plus petite dont le haut de la tête ne dépassait pas son épaule.

  Calée contre un espace réservé habituellement aux poussettes, la jeune femme sentit douloureusement la barre d’appui lui cogner le dos lorsque le bus démarra. Prenant son mal en patience, elle observa distraitement le paysage extérieur. Cette tâche devint bientôt impossible tant la buée qui recouvrait les vitres était abondante. La chaleur commença à se faire sentir et elle déroula son écharpe de son cou, la laissant simplement tomber devant elle en entourant sa nuque.

  Le bus s’arrêta et plusieurs personnes se bousculèrent pour en sortir le plus rapidement possible. Excédé par une longue et fatigante journée, quelqu’un marcha vigoureusement sur le pied du jeune homme. Ce dernier ne fit aucun commentaire, se contentant simplement de soupirer et de lever les yeux au ciel tant cette sauvagerie était absurde. Alors que des gens descendaient, un nombre plus important tenta désespérément de se réfugier de la pluie battante. Se sentant bousculé, le jeune homme se plaça le plus loin possible de la porte.

  La jeune femme commençait à se sentir à l’étroit alors que le nombre de voyageurs ne cessait de croître. Le jeune homme dont les cheveux mouillés restaient en bataille se retrouva face à elle. Chacun semblait gêné de cette proximité que leur imposait la population environnante. Elle ne leva pas les yeux, se contentant de garder son regard baissé vers le sol qu’elle ne pouvait en réalité pas voir.
  Il l’observa un bref instant. Ses cheveux trempés tombaient négligemment autour de son visage fin et harmonieux. Elle lui fit l’effet d’un être fragile et sans défense, se retrouvant malgré-elle plaquée contre la fenêtre humide. Faisant des efforts considérables pour lutter contre la pression qui s’exerçait sur son dos, il dut mettre une main sur la vitre pour ne pas l’écraser.
  Le bus reprit sa route et, surprise par ce nouveau départ, la jeune femme appuya un moment sa tête contre le bras du jeune homme qui lui faisait face. Lui adressant un léger sourire d’excuse, elle leva enfin ses yeux vers les siens et croisa pour la première fois son regard. Ses yeux ambre se perdirent soudain dans la profondeur bleue de ceux du jeune homme.
  Il sourit à son tour, troublé par ce simple échange. Perdant tout à coup la notion du temps et de l’espace, il continuait d’observer sans retenue cette inconnue qui se trouvait presque dans ses bras. Outre son regard captivant, il s’attarda sur les contours de son visage si bien tracés. Clignant subitement des yeux, il porta son attention sur la buée plus qu’abondante de la vitre, essayant d’y trouver un intérêt soudain. La température augmentait et l’air devenait plus étouffant.
  La jeune femme ignorait si c’était l’effet de son imagination, mais elle avait l’étrange impression que l’espace qui la séparait de cet inconnu se réduisait. Une étrange question se posa alors à elle. Était-ce lui qui se rapprochait inexorablement d’elle ou elle qui, inconsciemment, souhaitait qu’il y ait contact entre eux ? Tentant de penser à autre chose qu’à ces absurdités, elle tourna la tête, faisant mine de ne pas remarquer sa présence.
  Quant à lui, la force ne lui manquait pas, mais il ne put empêcher son bras de se plier légèrement afin de réduire la distance. Il pouvait presque sentir son parfum : un mélange subtil et fruité qui s’alliait harmonieusement avec son teint quelque peu rosi par la chaleur. Fermant les yeux, il utilisa ses sens pour laisser vagabonder son imagination.
  Sa veste de cuir était ouverte, laissant ainsi apparaître une chemise blanche dont le premier bouton était ouvert. Ne pouvant s’en empêcher, le regard de la jeune femme s’attarda quelques instants sur son cou. Elle se surprit même à imaginer la douceur de sa peau. Après un rapide coup d’œil, elle vit qu’il avait fermé les yeux. A quoi pouvait-il bien penser ? Un souffle lent et régulier lui frôlait le haut de son crâne. La respiration du jeune homme semblait être maîtrisée par de considérables efforts. Cela doit être l’effet de la chaleur, pensa la jeune femme qui se sentait bouillir sur place.
  Le haut de la tête de la jeune femme atteignait aisément son nez, ce qui confirma ses impressions sur le parfum. Sentant soudainement un souffle chaud contre son cou, le jeune homme fut parcouru d’un frisson. Il sentait tout à coup les battements de son cœur s’accélérer de façon surprenante. Une étrange envie de resserrer ses bras autour de cette inconnue le prit. C’était une idée absurde, contre laquelle il devait lutter, au risque de paraître stupide et impoli.
  Une fois de plus, le bus était arrêté et d’autres personnes voulaient s’introduire dans l’habitacle plus que bondé. Le jeune homme se rapprocha, si c’était encore possible. Leurs corps étaient maintenant collés l’un à l’autre. Perdant toute raison et lucidité, elle déposa sa tête contre l’épaule de cet inconnu. Elle n’avait plus la force de lutter tant la chaleur environnante l’engourdissait.
  Ce geste suffit à faire disparaître toute trace de résistance. Sa joue se colla d’elle-même sur la chevelure humide de la jeune femme. Il aurait donné n’importe quoi pour que cet instant dure jusqu’à la fin de ses jours. Les jambes écartées, il tenait ainsi en équilibre face aux arrêts et accélérations du bus. Ses bras se dirigèrent ensuite lentement autour d’elle, puis ses mains se déposèrent sur son dos.
  Sentant que son approche stupide n’était pas repoussée mais, au contraire, encouragée par d’autres gestes de réponse, la jeune femme s’autorisa donc à agripper ses doigts sur la veste de cuir. Elle aurait souhaité vivre ainsi pendant toute une vie.
  Les minutes s’écoulaient et la distance parcourue n’avait plus la moindre importance. Même si le bus se vidait au fur et à mesure, les deux jeunes gens ne bougèrent pas une seule fois. Par peur sans doute. Peur de briser ce lien si précieux à leurs yeux. Peur de découvrir le regard de l’autre et d’y retrouver la gêne du début. Peur de se réveiller tout en découvrant d’avoir vécu leur plus beau rêve.
  Malgré tout, une voix les réveilla brutalement :
- Terminus, s’écria le chauffeur.
  S’écartant l’un de l’autre, ils se rendirent compte qu’ils étaient seuls et que le bus s’était arrêté. Chacun laissa tomber son regard sur le sol, sans oser lever les yeux l’un vers l’autre. Quittant le bus l’un après l’autre, ils prirent chacun un chemin différent sous un soleil éclatant.
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MessageSujet: Re: L'espace d'un instant   L'espace d'un instant Icon_minitimeMer 29 Oct - 0:26

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Très bien cette nouvelle !!
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Lumina
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MessageSujet: Re: L'espace d'un instant   L'espace d'un instant Icon_minitimeMer 29 Oct - 0:31

Merci Beaucoup Jean-Jacques Very Happy
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MessageSujet: Re: L'espace d'un instant   L'espace d'un instant Icon_minitimeMer 29 Oct - 15:24

Oh mais non !!! Ils ne se sont même pas donné leur prénom ! Ni donné rendez-vous ! Arrrrgh !!!! Neutral

Laughing Laughing Laughing

Bravo, Lumina ! Tu as une très jolie plume !!! cheers
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MessageSujet: Re: L'espace d'un instant   L'espace d'un instant Icon_minitimeMer 29 Oct - 15:59

en effet c'est ce que j'ai pensé, mais ce n'était pas GIGI qui était dans le bus !! Shocked Shocked Shocked Shocked Shocked Shocked
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MessageSujet: Re: L'espace d'un instant   L'espace d'un instant Icon_minitimeMer 29 Oct - 19:17

Merci pour votre enthousiasme Smile

Et oui, la fin est peut-être un peu triste dans un sens mais j'ai voulu rester réaliste... On vit dans un monde où l'on se sent gêné de la proximité avec autrui, surtout des inconnus.
J'ai voulu que mes personnages vivent un rêve et se réveillent brutalement en quelque sorte !

Depuis que j'ai écrit ce texte, je connais plusieurs personnes qui ont envie de prendre le bus Wink
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MessageSujet: Re: L'espace d'un instant   L'espace d'un instant Icon_minitime

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