Je viens de terminer de larges extraits des « Lettres Persanes » de Montesquieu.
Quel régal que ce français du Grand Siècle !
Et quelle vision de la part de l’auteur !
Il y a une lettre dans laquelle il parle de la décrépitude de l’empire ottoman ! Il explique que les impôts ne sont pas payés, que les gouverneurs pillent le pays, n’entretiennent plus les garnisons, etc.
Et il annonce que d’ici 200 ans, l’empire tombera. Or, ces « Lettres persanes » furent rédigées vers 1720. Et c’est pratiquement 200 ans plus tard qu’on assistera à cette chute, à savoir 1923, date du départ du dernier sultan, consécutive à la défaite dans la première guerre mondiale et de la fondation de la Turquie moderne par Mustapha Kémal Ataturk.
D’autres lettres décrivent la vie et les mœurs de la France, « vues» par un persan qui s’étonnerait de nos petites manies, de nos institutions politiques et sociales. Je compare ça aux « Carnet du major Thomson », de Pierre Daninos.
Une autre fait preuve d’une curieuse prescience, en parlant du mélange des religions dans un seul pays. Il explique qu’une religion dominante et des religions tolérées induisent la tentation pour le pouvoir d’être dictatorial. Tandis que des religions avec des adeptes aussi nombreux les uns que les autres obligent le pouvoir politique à composer et donc à être plus tolérant. Comme ont dit, « toute ressemblance ou similitude avec une situation existante ne serait que pure coïncidence ».
Merci monsieur de Montesquieu !
Le 11 de la lune de Chahban.